Pour l’accord disque et vin de ce mois-ci, on se la joue équilibriste avec Jeff Parker et son album Forfolks aux structures défiant nos idées préconçues et le Domaine des Déplaude qui ressuscite une vallée de vignobles qui s’était quelque peu perdue dans le temps. 

Jeff Parker au cours des trois dernières décennies s’est amusé à commander du son auprès d’un large éventail d’artistes et de collaborateur. Bien que parfaitement capable, il évite le jeu de genre et choisit une approche picturale pour colorer la musique, conservant une voix profondément personnelle sans alourdir la musique avec des manœuvres stylistiques évidentes. Le son étant son principal objectif et sa principale préoccupation, son approche s’intègre parfaitement dans bien des contextes. 

On nous présente des développements sonores entièrement intégrés et équilibrés plutôt qu’un accompagnement, une mélodie ou un « solo ».

Souvent, un album solo est une excuse pour un artiste pour afficher sa virtuosité. L’idée étant, peut-être, que sans être encombré par d’autres musiciens, le soliste est libre de partir sur des vols de fantaisie. Mais une carrière passée dans la pratique de la subtilité est heureusement apparente dans chaque chanson ici. 

Sur Forfolks, un standard du Great American Songbook s’intègre confortablement à côté d’improvisations multicouches, d’un air de Thelonious Monk et de plusieurs compositions de Parker, datant de vingt-cinq ans.

Couverture de l’album Forfolks par Jeff Parker

Cet équilibre musical s’associe donc bien à l’équilibre des saveurs que nous offre Ciel d’Orage du Domaine des Déplaude de Tartaras. 

Ce domaine c’est celui de Anne et Pierre-André Déplaude, deux originaires de la région qui mettent du cœur à faire renaître le vignoble de la vallée du Gier (entre Lyon et St Etienne). Auparavant, cette vallée s’étendait sur 1500 hectares et abreuvait en conséquence les ouvriers des usines du coin. Mais avec le changement des habitudes de consommation et la désindustrialisation il ne reste plus qu’une cinquantaine d’hectares entretenus par des particuliers, et les Déplaude à travers leurs 7 hectares de vignes.

Photo des vendanges du Domaine des Déplaude de Tartaras

Au croisement de plusieurs régions en vallée du Rhône Nord, au-dessus du parc régional du Pilat, les vinifications douces, en levures indigènes permettent de guider le raisin vers des vins naturels, au plus près du terroir.

Ciel d’Orage allie à la fois la fraîcheur du Pinot noir, la structure du Syrah et le fruité du Gamay. Des notes de fruits rouges assemblées aux tanins très fondus du Syrah pour un équilibre sur un fond de bouche épicé. 

Une cuvée d’excellence déjà reconnue par certaines tables étoilées. 

Un accord juste et équilibré que l’on se voit bien déguster sous un soleil balançant avec le froid automnal à l’ombre. 


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