L’histoire d’E2-E4
Après la dissolution du groupe Ash Ra Temple au milieu des années 70, le leader du groupe de krautrock Manuel Göttsching commence à explorer l’ambiant et le minimalisme. L’album E2-E4, improvisé chez lui en 1h est devenu un repère de la musique électronique.
E2-E4 est enregistré en décembre 1981 à Berlin et sort en 1984. L’album est un morceau unique d’une heure, subdivisé en plusieurs pistes, et porte le nom du premier coup le plus courant aux échecs ; l’ouverture du pion roi. Le titre peut faire également référence à la guitare dont les cordes s’accordent de la plus grave (E2) à la plus aigüe (E4).
L’album a été désigné comme l’un des meilleurs des années 80 pour son rôle important dans le développement de la musique baléarique mais aussi de la house music à la fin des années 80, ainsi que les genres affiliés à la techno.
E2-E4 est un moment de musique pop qui, à la manière d’un DJ set, s’étire sur une heure. Le temps est comme suspendu. On touche du doigt l’éternel, et ça a quelque chose de divin. Une variation qui durerait quelques secondes dans un morceau classique dure ici 4 minutes. Le solo de guitare de trente minutes prend son temps lui aussi… il occupe toute la face B.
Cet album pourrait être un point de rencontre entre l’humain et la machine. D’un côté, un socle musical bien séquencé et synthétisé, imperturbable, machine bien huilée. De l’autre, la patte du musicien chevronné, qui joue sa guitare en totale liberté. Ce disque pourrait représenter à lui seul l’arrivée de l’électronique dans l’industrie musicale.
Le succès
Le disque ne connait pas tout de suite le succès qu’il aurait mérité. Il se vend à quelques milliers de copies lors de sa sortie en 1984 sur le label de Klaus Schulze. Ce qui n’empêche pas Larry Levan d’en faire un incontournable de ses sets au Paradise Garage.
C’est en 1989 qu’il atteint les sommets de sa notoriété, quand Gottsching est approché par des producteurs d’Italo pour en faire un remix, qui sortira sous le nom de « Sueno Latino ». En 1992, Derrick May le remixe à son tour, nouvelle étape importante de l’aventure du morceau.
Aujourd’hui, E2E4 possède bon nombre de descendants, dans tous les genres de la musique électronique et particulièrement dans la house et dans la techno. Voilà donc quarante ans que ce morceau voyage, évolue, se réinvente, et continue de défier les lois de la temporalité musicale.
Pour accompagner cette œuvre hors-normes, il faut accepter de prendre le temps. Accepter qu’un morceau puisse durer plus de cinq, plus de dix minutes. Il faut être prêt à passer une heure avec lui. On bloque sa soirée comme pour un date. On s’installe dans son canapé, bien calé, et on ouvre une quille des frères Soulier, la cuvée Prime.
Prime, des frères Soulier
Les deux frangins, Charles et Guillaume Soulier, sont installés près d’Avignon depuis 2015. Leurs principes directeurs : aucune chimie, un bon sens paysan, des vinifications pointues et une réelle volonté de faire très bon tout en respectant la nature.
Fils de viticulteurs, ils sont parfaitement complémentaires. Guillaume, paysagiste de formation, passe le plus clair de son temps à bichonner ses vignes. Paillages, mises sur échalas, soins de la vigne… Et Charles, ancien étudiant en école de commerce, s’est décidé à travailler de ses mains plutôt que dans un bureau à la Défense.
Leur travail
80% du travail des sols se fait au cheval. Les frères Soulier ne travaillent que le pied de la vigne, l’entre-rang est enherbé et jamais labouré. Les troupeaux de moutons et de chèvres s’occupent de désherber naturellement. Ils appliquent certaines préparations biodynamiques mais n’en font pas une religion. C’est avant tout le bon sens qui les guide. L’avenir du domaine repose sur de jeunes vignes plantées dès la première année avec des vieux cépages non clonés (counoise, picardan, terret noir, muscardin, vacaresse). A la cave, c’est du « no control », pas par principe, mais pour s’obliger à être toujours plus rigoureux en viticulture.
Prime, c’est un vin rouge léger et très vif sur le fruit. Avec E2-E4, on s’offre un moment hors du temps. On ne pense à rien d’autre qu’au plaisir du moment. Seul, ou à deux dans le canapé, autour d’une partie d’échec ou d’un feu de cheminée. Moment d’amour ou d’amitié qu’on arrose d’un morceau enivrant, et d’un vin distingué.
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