Par Paul
Qui a dit qu’on ne pouvait pas découvrir la Savoie en Juillet ?
Après notre passage dans le Roussillon le mois dernier, cap sur la Savoie, au pied du parc régional de la Chartreuse, chez David et Frédéric Giachino.
Le nom sonne italien, mais nous sommes toujours du côté français des Alpes, dans un domaine où les vignes s’étendent sur les coteaux du Mont Granier, tout près d’Apremont.
La famille de Frédéric et David travaille depuis plusieurs siècles en polyculture agricole dans cette vallée du Grésivaudan. Sur les riches terres de plaine, ils cultivent des céréales, des noix, des fruits. Et sur les coteaux ensoleillés… vous avez deviné ? De la vigne !
En 1988, Frédéric se dit que deux siècles de culture céréalières, ça commence à bien faire. Il reprend alors les vignes de son grand père Marius GENTON, qui représentent alors 1,5 Ha de surface. Sans oublier la richesse des cépages existants en Savoie, il plante de nouvelles variétés chaque année ou presque.
Aujourd’hui l’exploitation compte quelques grands cépages savoyards : Mondeuse, Gamay, Persan, Roussette, et Jacquère auxquels viennent se rajouter plusieurs cépages autochtones connus comme la Verdesse et d’autres toujours non reconnus. Le domaine compte aujourd’hui 9 hectares dont 6 consacrés essentiellement à la production du vin le plus typique du terroir : la jacquère.
Leurs démarches
Ayant commencé par des méthodes de travail classiques lors de la reprise de l’exploitation, Frédéric a progressivement œuvré pour aller vers une culture raisonnée. Aujourd’hui, il est dans une démarche complètement naturelle. Les désherbants, produits de synthèse et autres insecticides ont complètement disparu depuis une quinzaine d’années. Aujourd’hui on n’utilise que des tisanes et des huiles essentielles pour traiter les attaques des nuisibles. Selon eux, depuis ce moment-là, les vins n’ont cessé de s’améliorer et de gagner en authenticité.
Rapidement, David, le frère de Frédéric, rejoint le projet. Il apporte l’expérience qu’il a acquise avec d’autres domaines. En 2015, c’est au tour de Clément, le fils de Frédéric, de rejoindre l’aventure. Les vins Giachino sont plus que jamais une affaire de famille. A trois, plus rien ne les arrête. Grâce à cette paire de bras supplémentaire, ils reprennent le vignoble du Prieuré Saint Christophe de Monsieur Michel Grisard : pionnier dans la bio en Savoie, grand défenseur de cépages rares et vinificateur hors pair. Ce ne sont pas moins de 6,5ha qui viennent s’ajouter à l’exploitation, avec son lot de cépages inconnus au bataillon comme la Roussette sur Cruet, l’Arbin ou la Freterive.
Parlons vendanges
Chez les Giachino, elles se font évidemment à la main dans le but « de préserver l’intégrité du raisin jusqu’à la pressée ». Petite particularité du domaine : les vendanges s’étalent sur un mois afin d’atteindre la maturité parfaite aussi bien sur les cépages dits précoces (gamay, roussette) que sur les plus tardifs (jacquère, mondeuse).
Tout le travail effectué proprement à la vigne au cours de l’année jusqu’au vendanges permet d’éviter le recours à des adjuvants ou des produits de vinification en cave.
Les vins sont donc propres de bout en bout. Un peu de souffre peut parfois être ajouté mise en bouteille, sous sa forme gazeuse, forme la plus naturelle possible.
Les raisins blancs sont écrasés par pressurage pneumatique lent et doux. Les cuves sont thermorégulées à 5 degrés afin d’opérer un débourbage (clarification du moût) lent et naturel. Cette technique permet de diminuer radicalement, voire d’éliminer l’ajout de sulfites : le vin se conserve tout seul.
Huit à dix jours plus tard, Frédéric et David procèdent au soutirage du clair, qui va fermenter avec ses propres levures indigènes (naturellement présentes sur les grappes)
La température est maîtrisée à 15 degrés pour extraire le maximum d’arômes
Les vins rouges eux, sont encuvés à la main en grappes entières.
La macération dure entre 10 et 20 jours, en fonction du cépage et du millésime. Durant cette période, des remontages quotidiens sont opérés. A l’issue de cette macération, on décuve à nouveau en caisses avant le pressurage.
Nous sommes venus, nous avons bu, nous sommes convaincus ! Et grande nouvelle ! Nous avons pu remonter quelques cuvées du domaine, disponibles au resto (5 au total : 2 blancs, 2 rouges et 1 orange).
Ces vins à part, d’une grande finesse, vous ferons oublier le cliché des vins de Savoie râpeux qu’on claque sur une raclette.
Quand ils dégustent leurs vins, les Giachino attribuent un « coefficient bonheur » à chaque cuvée. Et sur ce domaine, c’est peut-être ça le fil conducteur : le bonheur…
Photographe : Nathalie Coevoet, www.natmedia.fr
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